L’hôtel des Roches est un bel hôtel de 32 chambres du début du XX avec toutes commodités, eau chaude et eau froide à chaque étage !
En février 1942, l’hôtel des Roches est loué par le Fonds Européen de Secours aux Etudiants, FESE, pour accueillir de jeunes hommes, juifs ou non, anti-nazis, réfugiés espagnols, internés dans les camps du sud de la France. Beaucoup sont de jeunes intellectuels d’élite, germanophones, étangers qui souhaitent poursuivre leurs études. Le siège du FESE est à Genève et orchestré par un pasteur américain Tracy Strong Junior, secrétaire général des YMCA. Ce fut le premier contact entre protestants du Plateau et des Etats-Unis. La maison est confiée à un couple de réfugiés de l’Aisne avec comme directeur des études Daniel Trocmé. Au « foyer universitaire » des Roches vivent plus de 90 réfugiés de février 1942 à juin 1943. Le programme des cours donnés par André Jean-Faure comprenait pour la journée : 30 min d’exercice physique, 1h30 de travaux manuels :débitage du bois de chauffage, jardinage, menuiserie ; 4h d’étude et de cours : conférences de littérature, histoire, géographie leur sont également donnés. Kurt Mullner nous raconte : « je suis réfugié allemand, venant de Belgique et depuis mon arrivée aux Roches, j’ai pu heureusement reprendre mes études de musique commencées au Conservatoire de Bruxelles ». L’état français leur verse une allocation journalière de 11.5 francs par personne.
Le 29 juin 1943 à l’aube une rafle est opérée par la SIPO-SD (police de sûreté allemande) de Vichy. Alors que « d’ordinaire » l’imminence de la rafle est annoncée discrètement, peut-être par la gendarmerie ou la préfecture, le système d’alerte ne fonctionne pas ce jour-là. L’ensemble des pensionnaires est réuni dans le réfectoire afin de procéder aux interrogations et aux différentes perquisitions. D’après le registre officiel, il aurait dû y avoir 26 personnes présentes dans la maison cette nuit-là en principe tous étudiants. 5 sont relâchés après interrogatoires : le persan Azizloch, les espagnols Beltran et Plazas, car de nationalités non belligérantes, le français Lindegaard pour raisons de santé. Luis Gausach lui avait sauvé un soldat allemand de la noyade échappa à l’arrestation grâce à l’intervention de Magda Trocmé et d’un officier allemand logeant à l’hôtel du Lignon. Les 18 pensionnaires et leur directeur des études Daniel Trocmé sont embarqués en camion vers Moulins et sa prison « La mal coiffée » puis Fresnes, Compiègne, Drancy, Maïdanek ou Buchenwald. Daniel emprisonné à Compiègne écrit à ses parents « Chers parents, je suis au camp de Compiègne, n’envoyez plus de colis, attendez ma nouvelle adresse » puis c’est le silence. Transféré à Buchenwald par le convoi du 14 décembre 1943 puis à Maïdanek où il est mourut le 02 avril 1944. Les 5 jeunes juifs internés à Drancy seront transférés à Auschwitz par le convoi 57 parti le 18 juillet 1943, aucun d’entre eux n’est rentré de déportation on perd la trace de 6 autres étudiants.
Ne manquez pas l’émouvante et sobre plaque apposée sur la barrière extérieure de la Maison des Roches réalisée par les Simon. Y figure une colombe et ce texte d’un des survivants, Antonio Plazas : « Ici le 29 juin 1943, la Gestapo arrêta des étudiants et leur directeur (…) tous vivaient un idéla de justice et de fraternité. Ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas. Ils resteront à jamais en juste mémoire »
Pour en savoir plus :
payslecture.fr fonds régional
Le Foyer universitaire des Roches de Gérard Bollon dans les Cahiers de la Haute-Loire 1996 : fonds régional de la médiathèque du Chambon-sur-Lignon
Ouvrage de Christian Maillebouis « Introduction à une autre histoire du Chambon » sur les traces d’un inspecteur des RG au village. En vente à l’office de tourisme au Chambon-sur-Lignon 9€