Maeva Abrial, artisane cordonnièreMaeva Abrial, artisane cordonnière crée sa marque ABRIAL CHAUSSURES
©Maeva Abrial, artisane cordonnière|Maeva Abrial

Rencontre avec Maeva Abrial, la cordonnière

Elle a créé sa propre marque : ABRIAL Chaussures

Maeva est née à Tence, est partie voir d’autres horizons et est revenue installer, dans son village natal, son atelier boutique de cordonnerie, elle a créé sa marque : ABRIAL – Création chaussures artisanales.

L’histoire ne s’arrête pas là. Son atelier est situé dans une ancienne scierie des années 50, celle de son grand-père paternel.
C’est dans cet espace que Maeva fabrique et crée ses chaussures.

On vous montre pourquoi le Haut Lignon est un pays de métiers d’art au féminin

Françoise Broussard Publié le 23 septembre 2024

Comment es-tu arrivée à l’univers de la chaussure ?

Maeva : 

  J’ai étudié l’Histoire et l’Anthropologie à la fac, mais j’ai bien vu que cela n’allait pas vraiment aboutir. J’ai toujours aimé les arts plastiques, allier le manuel et la création.

J’ai commencé par un stage de découverte. Je suis partie en Italie faire un service volontaire Européen, chez un bottier, Giovanni Battista Bertollo.
De retour, j’ai voulu me former. Mais en France, il n’y a pas vraiment d’écoles pour apprendre à fabriquer les chaussures de A à Z en dehors des Compagnons du devoir, une formation pour apprendre à faire des chaussures sur mesures avec les techniques traditionnelles, mais qui reste dans le domaine du luxe.

Alors j’ai d’abord fait un CAP de cordonnerie, réparation, puis une formation d’un an chez un artisan pour apprendre les techniques du cuir et enfin un an dans une école de styliste, modéliste.

J’ai découvert l’univers de la mode, de la création, et de la recherche de style. J’ai réalisé mon stage de fin d’année à l’Opéra de Strasbourg avec un bottier qui m’a permis d’acquérir des techniques de fabrications plus précises.
Ensuite, j’ai travaillé 4 ans à l’opéra de Lyon.

J’étais intermittente. Je faisais des missions.
J’avais donc du temps, pas de stress, pour réfléchir à la création de mon propre atelier.
« Je voulais faire ma sauce ! »

Avec ces mélanges de techniques et d’univers, j’ai pu lancer ma propre marque.
La scierie familiale en inactivité a aussi été une opportunité pour lancer mon activité. En 2020, alors que tout était arrêté…, j’avais les matériaux et j’ai construit mon atelier !   

Ce qui me plaisait, c’est que chacun avait son univers, son espace, son petit atelier…

Y’avait tout le temps quelque chose de différent !

Quels types de chaussures, tu fabriques ?

Maeva :

« J’ai commencé par les sandales, qui demandent moins de techniques.
J’ai trois collections qui s’inspirent les unes des autres : des sandales, des baskets et des chaussures de ville.

L’esprit de la marque : revisiter les modèles intemporels, fondamentaux.

Mon inspiration pour les baskets : les 1ers modèles Nike des années 70.
Il y a un côté retro pour les sandales.

Il y a une collection femmes et hommes au niveau des baskets. »

Avec quelles matières ? 

Dans ton atelier, on voit du cuir de toutes les couleurs…

  Les chaussures sont entièrement en cuir.
L’importance du choix des cuirs : veau, vachette, agneau ou chèvre.
Je me déplace chez mes fournisseurs qui se trouvent à Romans. Le cuir vient d’Italie ou de France.
Les semelles sont soit en cuir, soit en caoutchouc, compensées, avec talons, ou crampons.  

On peut dire que chaque paire de chaussures est unique ?

Maeva :

« Chaque modèle est réalisé sur commande et est personnalisable et entièrement fait à la main.

On peut choisir la couleur du cuir, ainsi que le style de semelles, qu’elles soient compensées ou en cuir.

Pour les baskets, on peut choisir également la couleur du caoutchouc.

Tous mes modèles sont personnalisables. On part sur un prototype que je dessine. Tous mes modèles sont des créations originales. »

Bref comme on veut !

Quelle sont les étapes ? pour la fabrication

  Il faut une quinzaine d’heures pour fabriquer une paire de baskets. Idem pour les derbys.
Je commence la création (dessin, croquis), puis le patronage à taille réelle, ensuite viennent les essais avec le prototype et je dois les développer dans toutes les pointures pour les essayages.  

Quelle est l’étape que tu affectionnes le plus ?

  Tout ! Il y a des étapes plus minutieuses lors du travail de la tige en cuir, et plus physique, lors du travail de la semelle.
J’adore la création de nouveaux modèles, mais aussi parler de mon travail lors du contact avec les clients ! Dernièrement, je viens d’acquérir une machine à coudre pour les réparations afin de développer la cordonnerie.   

 

Tu as besoin également de belles machines ?

Maeva : 

« J’utilise des machines anciennes.

J’ai deux machines à coudre, une pour coudre les semelles et une autre pour l’assemblage de la tige.

Et puis, j’ai deux machines de cordonnier : un banc de finition pour poncer les semelles et une presse. »

On peut dire, qu’on est loin de la fabrication industrielle !  Il y a vraiment une démarche écoresponsable ?

Maeva :

« C’est sûr ! Tous les cuirs classiques sont fabriqués en France ou en Italie. Pour la brillance, les cuirs de couleur, j’achète des fins de série, les collections varient en fonction de la mode.

Le tannage des cuirs des doublures est végétal, sans chrome pour un contact avec le pied plus sain.
Les chaussures durent dans le temps, tous les modèles sont ressemelables.

Quand on vient chez moi, ce sont principalement des personnes qui ont envie de consommer de manière durable et réfléchie. Elles ont généralement entre 30 et 60 ans et ont envie de faire des achats éthiques.

Il n’y a plus beaucoup d’artisans qui fabriquent de la chaussure. Quelques petites usines ont conservé la tradition, comme Le Soulor, J.M. Weston.
La plupart des marques de luxe française sont fabriquées dans des usines au Portugal généralement. »

L'atelier boutique 

Au 40 rue d’Annonay à Tence, l’atelier de Maeva est ouvert toute l’année le jeudi de 9h à 17h30 ou sur rendez-vous . vous pouvez la rencontrer, découvrir ses collections et pourquoi pas un petit essayage ?
Vous pouvez la joindre par téléphone au 06 33 74 67 36.

Finit l’odeur de bois de la scierie de son grand-père, place à la création et au parfum du cuir

D'autres artisan(e)s

Le Haut-Lignon est une terre d’artisan(e)s d’art.  Des talents, des jeunes, des femmes et des hommes, toutes et tous très attachés à leur territoire !

Des savoir-faire et des créations, visitez des ateliers, un travail entre les mains et la matière, l’outil et l’univers des formes… Nous vous invitons à pousser la porte de nos artisan(e)s d’art.

Les marchés de créateurs

Les artisan(e)s d’art organisent de très beaux marchés de créateurs pendant l’été ou à l’occasion des fêtes de Noël.

Loz’ Arts Auvergne, Cré’Ateliers du Haut-Lignon  réunissent des artisans et organisent chaque année des marchés en mettant à l’honneur des savoir-faire variés au fil de l’été en Haute-Loire.

Vous pouvez en profiter sur le Haut-Lignon, où de nombreux évènements sont programmés.